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Voivode

6 février 2013

P4

Le hurlement des sirènes nous arrivait comme un rot géant du fond de la rue… A travers mon bonnet, à travers le casque de mon baladeur… En hiver, vers sept heures…Pompiers …. POMPIERS POMPIERS POMPIERS… C’est vers nous que ça se dirigeait. Autours de moi ça commençait déjà à lever les yeux pour voir de quel étage sortaient les flammes, de quelle fenêtre ne pourrait s’échapper personne… Mais les trois camions sont passés devant le coulis de vieux à toute berzingue… la traînée rouge.
YAPALFEU :
"C’était du lourd, mais c’était pas ici…" qu’il a dit le monsieur, les mains dans le dos, à la dame qui fumait sa clope jusqu’au filtre en louchant sur le si petit brasier. Comme un train qui ne s’arrête pas, qui laisse ceux qui auraient pu être des badauds contents à leur quotidien sans encombres… "Adios" le fait divers qu’on pourra pas se raconter devant les canelloni. Y aura toujours les infos… mais c’est pas pareil.
Aux infos, on a l’impression que c’est toujours les mêmes enfants qui disparaissent, les mêmes vieux acteurs qui meurent, les mêmes types qui gagnent… Là, on lit la déception sur les visages, ce petit moment où, les sacs de courses dans les mains, on fixe d’un regard honnête le drame qui s ‘en va.
C’est pas du vice. On aime bien se voir entre ouverts, le sang qui sent, qui bouge, celui des autres, ça nous éloigne de notre propre souffrance, du bruit de nos gémissements, ces plaintes qu’on ne pense adresser qu’à nous même…
Je me suis engouffrée dans le métro. Sale parisienne de manie le métro. Dans la rame presque vide, un homme inspiré m’adresse un “Bonjour mademoiselle Babouin”… ( la majuscule c’est de moi) C’est juste assez con pour qu’une femme se retourne, mais pas assez pour qu’ un homme intervienne… Il sortait à la suivante… C’était lui ou moi… Une belle nana lit un Sepulveda. Elle à l’air d’apprécier, tourne ses pages très vite, mais regarde quand même celui qui lui lèche les jambes du regard… Je devrais lire un peu Sud américain mais je préfère les auteurs venus du froid. Un jeune garçon arbore un T.shirt  “Fuck You”… Je n’ai aucune envie qu’il se tourne vers moi. S’exprimer en sept lettres. Celles là ne sont pas pires que les autres….Faudrait tourner ça à la française…”Dis toi que tu vis autours d’un anus”… sur un beau maillot blanc. C’est plus long, certes mais il y a du style. Je n’ai qu’à tourner la tête pour lire… tout est plein de ces signes, les mêmes que je m’acharne à manipuler pour en extraire chaque jour un peu plus d’amertume. Lire sans s’encombrer… Ca me ferait mal…. Tout ça c’est que des interférences… ça me bouffe le cohérent.
Savoir lire est irréversible. Les “prière de…” inoffensives, en carapace de courtoisie… Rien de plus puant que la courtoisie, ce doigt rutilant qui n’atteint jamais la chatte. Pas de place pour la pureté. A moins de désapprendre… à moins de tuer…tuer les alpha-bêtes pour prévenir la peste… la frappe d’anticipation. C’est que je m’énerverais…
“Le beau, le Vrai et le Juste, sont une même chose”
Platon, été 36.
Putain, c’est beau comme un blond.
“Je descends ici.” Je répète trois fois… je descends… lassée. Seuls les gens qui ne prennent que peu de place se poussent… en s’excusant. Je remonte vers la lumière, artificielle, coordonnée… De la lumière, même pleine de colorant, ça fait du bien. 
Ca creuse tout ça. Je mangerais bien du précuit, parce que mâcher ça endort…  Un “M” gèant scintille devant moi, luisant comme une belle paire de bottes à la mode “Wehrmacht”…mais le téléphone sonne, on vient me suggérer de boire.
Le bar est à deux stations. Marcher, marcher encore… le bruit de mes talons dans les dents. Je repense à”mademoiselle babouin ( “petit b”)… Me sens pas belle tout d’un coup. Moche moche moche… Rouge à mes lèvres, vite. La pastille pourpre, ça me donne un air de femme qui se respecte, ou l’air de quelqu’un qui a envie de sexe, les deux fonctionnent. L’alcool, de toute façon, finit par unifier. J’allais rejoindre ma bande, tous perdus, au même endroit… pendus à leurs verres sans fin et à leur cigarette sans filtre. Ben, le serveur est triste. “Momo est mort hier”… C’est le petit rebeu à moustache qui buvait des bières à côté des chiottes. Le roi des mots croisés, on l’appelait “Momo Croisé”… Trente ans qu’il venait. Pile mon âge, mais je le remettais pas… Ca n’empêchait pas les larmes de monter. Un inoffensif, de ceux qui n’attendent pas de voir passer les pompiers, ou alors… pour filer un coup de main. Ya pas de justice, mais ce qui compte, c’est l’énergie qu’on met à avoir l’air de s’en émouvoir. Cette journée, je me la repasse dans la tête, mais rien, rien n’est en ordre… je fermerais bien les yeux… pour commencer, m’abandonner aux crissements d’une voiture.
Un Break bourré de gens heureux, sur le trajet du parc Asterix… Un accident à couper l’appétit, malgré le doux parfum des pâtes croulant sous la sauce. Bah…   Je m’ennuie comme Sophie la girafe au fond d’un carton dans la cave… voudrais bien couiner un peu. Un ami me parle de ses conquêtes, avec des détails sordides, même qu’ il a encore un peu de la dernière sur son pantalon. Dans la grande histoire humaine, les Conquêtes se sont souvent avérées être des Erreurs…               Aimer. Je devrais me rénover en amour… Retoucher la brochure, revoir la notice, et déchirer la posologie… Rien ne vaut un indifférent, celui qui sait comment se faire les dents sur votre impatience… destituer un tyran pour en couronner un autre. Pauvre conne, t’as la pensée captive… tu t’étourdis d’un rien, la braise qui danse, qui contourne les flaques d’eau pour mieux tomber dans les rivières… Je vis formidablement de mon art. Autant dire que je vis de peu. Boire au dessus de ses moyens. Recoudre ses poches de peur de perdre ses petits riens dans la doublure. Le froid dilue la couleur dans les Gris… le blanc étourdit, mais l’hiver donne envie d’ivresse. J’ai déjà trop bu. Avec un petit peu de malice, je pousserais quelqu’un au drame… ou dans mon lit, si j’avais eu un lit vacant… Avec un peu de malice, j’aurais pu tout avoir, mon trois pièces parquet baignoire, un boulot moins stupide, et surtout pas cette frousse de rentrer. Un philosophe a dit  “On a besoin d’ordre pour vivre et de désordre pour survire.”J’en suis ravie…
Le ciel me regarde, des étoiles plein la gueule, ou des petites choses qui brillent sur le bitume mouillé… Je sens comme des bras, ils parlent de moi “il faut la retourner, elle s’étouffe dans son vomis.”
Sirène il y a… Mesdames et messieurs tenez vous prêts, cette fois ils s’arrêteront, et ce sera pour moi.

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25 septembre 2008

Garden Parti

Que fais tu dans le jardin suspendu qui me sert de tête?
_Je flâne... Je veux m'allonger dans un petit coin d'herbe.Trop humide. j'ai soif mais je peux pas boire parce que l'eau est salée...aYa un vent d'automne qui sent l'éthanol et le Calendula...une demie douzaine de fleurs à bout de souffle avec du chiendent pour atèles, une marelle dessinée avec des cervicales de mouton... me penche au balcon, pour m'aérer...un mètre soixante neuf c'est plus haut que je pensais...ça doit faire bizarre de voir toujours les gens si petits.
_C'est juste un effet de loupe inversée... En ce qui concerne les fleurs, j'ai la main plus froide que verte.
_Bon, je peux y aller maintenant? Fait pas chaud ici. Tu m'avais dit pas longtemps.
_Tu viens juste d'arriver. Dis moi ce que tu entends.
_Ta voix. Superposée sur elle même, à l'infini. Comment on descend?

26 août 2008

Deux sucres et demi

Elle m'avait supplié de venir....

"C'est Maman..."
Je n'avais plus de mère depuis longtemps mais il y avait je dois bien l'avouer, quelque chose de familier dans sa voix. Cette manière de parler tout en soufflant sa fumée de cigarette dans le combiné à chaque début de phrase, et puis elle avait mentionné une soeur, celle qui soit disant avait fini par trouver mon numéro.
Elle voulait "tout savoir", le prénom de mes gosses, le prix de ma voiture... "Est ce que tu m'en veux encore? Bien sûr que non...Tu ne serais pas là."


"Je suis malade tu sais... Elle au moins vient me voir toutes les semaines... toi je t'ai pas vu depuis des siècles..." C'était bien ma mère...

"Elle m'a dit que tu vivais à Paris et que tu avais bien réussi. Je suis contente que tu gagnes de l'argent... pas comme ton connard de père...Dieu ait son âme..." Elle avait fait un faux numéro...


Ces gens qui vous dérangent de bon matin pour vous apprendre que vous avez une famille... J'ai raccroché et je suis retourné dans ma chambre, tâchant d'oublier cette voix jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un arrière goût en bouche. J'ai regardé ma femme dormir, son petit bras chaud me cherchait déjà quelque part sur le lit...blotti contre sa poitrine je me suis mis à la téter puis nous avons fait l'amour, tendrement.

"Pourquoi tu pleures ?

Ma mère vient d'appeler.

Je croyais qu'elle était morte

Elle ne l'est plus."

Deux jours plus tard et sur les conseils de ma femme, j'étais sur la route. Il me semblait que chaque kilomètre qui me rapprochait de ma mère me faisait rajeunir d'une année... Elle allait retrouver un foetus devant sa porte.

Le quartier avait changé... Je suis passé devant le cimetière mais j'ai fait mine de ne pas le savoir... Après avoir fait plusieurs fois le tour du quartier je me suis enfin décidé, si j'avais fait tout ce chemin, ça n'était pas pour me promener dans cet endroit que j'avais tant détesté. Je n'ai pas entendu ses pas, elle avait laissé un petit temps avant d'ouvrir, comme pour me persuader qu'elle n'était pas collée à sa porte depuis le moment où elle avait vu la voiture.

"Serre moi fort." Elle voulait que je l'étrangle... Peut être que je la prenne dans mes bras. Elle sentait la poussière, je n'avais pas encore regardé son visage. "Bonjour Maman."

Lorsqu'enfin elle m'a lâché, elle s'est retournée brusquement, et traînant la patte m'a invité à entrer. La cafetière était déjà en marche, les deux tasses dépareillées posées de part et d'autre de la table. Le duel aurait donc lieu sur la toile cirée fleurie, chaque camp séparé d'une sucrière en métal et d'une brique de lait ouverte à coté des pointillés.

La télévision résonnait depuis le salon. Elle avait pris l'habitude de l'allumer parce que c'était disait elle "comme une présence". De son visage je n'ai vu que l'expression...une sorte de grimace triste, elle contorsionnait ses traits pour se rendre encore plus pitoyable... Elle toussait aussi, par habitude, sans raisons particulières... Elle m'avait supplié de venir. C'était peut être un piège... elle s'est glissée juste derrière moi, la cruche de café brûlant dans sa vieille main, j'ai voulu faire un écart sur le coté mais son autre main m'en a empêché.

"Qu'est ce que tu crois? Que je vais la verser sur toi? Je te ferai jamais de mal, je suis ta mère." Dans mon dos je sentais ses seins, aplatis, desséchés, obscènes...j'étais pétrifié.

Elle a attrapé deux sucres, les a jeté dans ma tasse... je voulais qu'elle s'éloigne de moi, tout cela était interminable... elle a pris un troisième morceau qu'elle a cassé en deux et l'a ajouté aux autres..." Deux sucres et demi c'est bien ça?" Ca n'était même pas une question.... Elle m'avait toujours tout imposé, à commencer par mon existence...toutes ses manies, sa jalousie, sa bouffe dégueulasse, le meurtre de mon père.... j'ai acquiescé....J'ai démissionné...

Moi je trifouillais mes clés de bagnole, prêt à bondir hors de la pièce, hors de cette maison, hors de cette ville. S'il avait suffit de prononcer un mot pour lui pardonner je l'aurais fait sur le champs mais rien ne pouvait sortir de ma bouche. J'ignorais jusqu'au nombre des années qui m'avaient séparé de cette femme... pas assez. Une vie de centenaire aurait été trop courte pour m'éloigner suffisamment d'elle. Péniblement et à force de gymnastique faciale, elle s'est extirpée une larme, si petite qu'elle n'a jamais dépassé le milieu de sa joue...

Elle s'est mise à me parler de cette soeur dont je ne me rappelais quasiment rien et qui ne pouvait que lui ressembler. Une voix dans ma tête couvrait tout ce qu'elle me disait, c'était la sienne, quand elle hurlait à vous transpercer l'âme et qu'elle avait encore la force de ne pas cacher sa haine.

Je lui ai dit au revoir mais je mentais, on ne se reverrait jamais. Elle s'est levée d'un air autoritaire, s'est ravisée quand elle a réalisé qu'elle ne pouvait pas m'obliger à rester. Il ne lui restait que la parole

"T'es bien comme ton père."


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15 août 2008

la vie des ombres

13393650054 Son ombre est un puzzle aux contours mouvants dans lequel s'imbriquent parfaitement tous ses "moi" successifs. Un petit enfant en position foetale, enroulé quelque part vers l'épaule, ou l'adolescente aux jambes écartées avec une tête en forme de point d'interrogation, le profil d'une femme au buste brisé, une fillette endormie dans des bras découpés aux ciseaux, comme sur une photo. Un reflet compacte et noir dont on ne sait jamais où il pointe le regard... je la regardais glisser, tard le soir sous les lampadaires jaunes et tandis qu'elle avançait, son ombre démultipliée dansait en arc de cercle tout autours d'elle, en se moquant. De ma fenêtre j'aurais voulu hurler pour qu'elles la laissent en paix mais j'aurais réveillé celles qui dormaient à ma cheville.
28 juin 2008

six heures soixante six

urinoire_vatican

J'ai encore merdé...
Super... J'ai confondu prendre ses devants et tout foutre en l'air...
C'est moche, je n'ai aucune parole, surtout quand elle n'engage que moi.
T'es toute seule maintenant, avec ta fierté qui t'assèche...ha ha ha...
On commençait seulement à baiser correctement, il m'a même portée la dernière fois.
On a jouit ensemble, avant de nous écrouler, rassasiés, sur sa couette rayée...
Ensuite j'avais faim, il a dit je vais chercher une connerie à bouffer et il est revenu, une heure plus tard avec des poulpes et de la Feta, une bouteille de rosé pour l'apéro et un "Four Roses" bourbon pour si on voulait plus tard...
Ca m'a excitée mais il avait plus envie.
On a bu le rosé avant de manger.
Il y avait un truc marrant à la télé et on a rigolé comme des cons parce qu'on était vachement contents d'avoir aussi bien baisé.
J'ai sucé un énorme poulpe et croqué dans la tomate à l'huile d'olive, il faisait très chaud dans son appartement et nos peaux brillaient de gras et de sueur.
Veux tu m'épouser?
Oui je le veux mon Amourrrrrrrrrrrrrrrrr......
Il m'a réveillée, à force de picoler je suis un peu narcoleptique, comme les enfants qui s'emmerdent ouvertement.

C'est dur, je m'emmerdais pas vraiment,c'set juste que j'avais hâte d'entamer le Bourbon...

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17 juin 2008

aquatic grave

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Une piscine verte,recouverte de plusieurs automnes,
surmontée d'un plongeoir,
d'où ne saute plus personne...
Un petit escalier y trempe ses marches inutiles...
Tout est resté au fond, en face, le ciel est vide
et qui contient pourtant toutes les vapeurs du monde.
La mémoire décantée, fondue d'ombres liquides, des cheveux dans la soupe...
Double salto arrière, j'humecte un doigt et le porte à ma bouche,
toutes les saveurs sont là.
Tandis que les images s'affolent au milieu des feuilles mortes,
je traverse le temps.
Mes sens sont périmés.
Revivre le passé c'est vivre la vie d'un autre,
on ne se rencontre jamais.
Et puis cet arbre planté au bord, si petit autrefois,
s'élève au dessus de ces ondes
comme une croix végétale.

7 avril 2008

autoretrato 2003

tn
4 avril 2008

Promenade

anatomie1745 Son corps se résumait à peu de choses. Quelques fleurs, les premières du Printemps, enrubannaient ses poignets et ses chevilles brisés. Comme si la terre, amoureusement, ou pas, avait essayé de la maintenir tout contre elle. Son bassin fracturé, dévié de sa colonne vertébrale, lui infligeait une cambrure et un déhanché presque érotiques. Elle avait les airs d'une Josie Baker décharnée avec des squelettes de rongeurs montés en jupe. Les hautes herbes vertes s'accroupissaient sur son visage, une corolle d'os éclatés autour d'un trou vaseux. Des cheveux éparpillés sur les petits morceaux de crâne, évasifs, comme les rayons d'une couronne. Quelle journée magnifique. Le soleil était encore tiède, le vent un murmure. La vie naissante bruissait dans le champs immense qui nous avalait jusqu'aux épaules et nous étions unis autour d'une mort, désarticulée, toute en composition, offerte. Revenir à la poussière, la verdure qui te pousse entre les côtes, dans les orbites, elle s'occupe de toi, elle te fait beau. Et celle qui dormait sous nos yeux n'avait peut être jamais été aussi belle de toute sa vie.
28 mars 2008

Bavarde

Quand je ne me gargarise pas de mes succès je célèbre ma ruine.
C'est tellement facile de se croire fou.
C'est comme se donner un étage supplémentaire
pour se jeter d'encore plus haut.
longue ascension vers les cimes
une canopée fumante au relief illisible.
Nourrie à l'aube
chauffée à coups de foudre.

28 mars 2008

Azufro y Plomo

wish3

Le passé est derrière moi.
Si la vie est un cycle
je fonce droit sur lui.
En train de me rejoindre.

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